La politique d'emploi est l'ensemble des actions entreprises par un Etat pour créer le maximum d'emplois pour sa population active. Il en découle que l'emploi constitue la principale forme d'insertion sociale, le facteur le plus déterminant pour l’amélioration des conditions de vie et de prévention contre les risques de pauvreté et de vulnérabilité. En outre le secteur de l’emploi est le révélateur le plus approprié pour évaluer le niveau de cohésion sociale dans un pays. Il joue un rôle important dans la création des richesses et la répartition des revenus.Lire plus
De ce fait, la
politique d'emploi est l'un des indicateurs principaux de l'état de santé de
l'économie des pays car une politique d'emploi bien étudiée et réussie reflète
le niveau d'harmonie qui peut exister entre les différents opérateurs nationaux
d'une part et l'infrastructure adéquate pour la création d'emploi d'autre part.
Une économie
en expansion crée plus de postes de travail pour sa population active, donc
plus de dépenses de consommation et d’épargne, et partant plus d'investissements
grâce à une forte capitalisation. Dans ce schéma, un cercle vertueux de croissance
est alors établi.
Cependant,
il faut faire une distinction entre les emplois créateurs de plus- value et
ceux qui ne font que générer des revenus sans contrepartie réelle. C'est, notamment, la différence qu'on peut
constater par exemple entre un industriel qui fabrique un bien ou un courtier
qui vent un service.
Généralement,
dans la plupart des pays en développement,
la création d'emplois se fait souvent
dans des secteurs à faible plus-value à l'inverse de ce qui se passe dans des
pays développés ou l'emploi est créateur de biens réels. Dans ces derniers le secteur des services se
développe comme corolaire et conséquence du secteur industriel, alors que dans
les pays en développement, le secteur des services est une excroissance de l’économie
rentière. Le lien de cause à effet est très faible, et de ce fait, la branche des services se développe, à l’ombre
de la protection étatique et d’une manière déconnectée des réalités économiques et
plus rapidement que les activités productrices de biens réels.
Globalement,
le Maroc, en tant que pays en développement n’a pas échappé à cette règle, surtout après
l'indépendance. Pendant la période allant de l'indépendance aux années 1980,
l'Etat était le principal créateur d'emploi, mise à part l'agriculture qui crée
des emplois pour la plus part occasionnels ou le secteur informel qui éponge
une masse non négligeable du sous-emploi de la population active. Dans les deux
cas de figure, l'épargne est très faible voire nulle.
Durant cette
période, l'Etat marocain était le principal créateur d'emploi. Cela se
justifiait par le fait que la plupart des cadres étrangers exerçant dans les
administrations sous le protectorat quittaient le pays au lendemain de
l'indépendance. Il a fallu les remplacer
dans presque tous les secteurs (éducation nationale, énergie et mines, poste et
télécommunications, pêche maritime, santé, banques, etc.)
Cependant, cette politique de création artificielle d’emplois ne pouvait être maintenue indéfiniment. L’Etat a créé beaucoup plus de postes d'emploi qu'il en a fallu, rien que pour créer de l'emploi et satisfaire le marché du travail principalement dans des secteurs à faible plus-value (services, collectivités locales etc.), à tel point qu'on a identifié des milliers de fonctionnaires fantômes qui reçevaient un salaire sans exercer aucun travail ou fournir aucun service. C'est en réaction à cette situation qu’une politique dite du "départ volontaire" à été instituée durant les années 1990. Toutefois à partir des années 2000, l'emploi dans l'administration a été drastiquement réduit, excepté dans quelques secteurs de la fonction publique qui nécessitent un nombre d'emplois qui croît, corrélativement, à l'augmentation démographique (police, gendarmerie, forces auxiliaires, militaires etc.).
Face à cette situation, devenue paradoxale, caractérisée par un désengagement de l’Etat dans le domaine de la création d'emplois par rapport à une augmentation de la population de plus en plus jeune et donc active, les autorités marocaines se sont penchées sur d’autres solutions. Un effort a été fourni pour renforcer les investissements directs dans les infrastructures créatrices d’emplois directs et indirects et les investissements étrangers par la révision du code des investissements, notamment par la création du Guichet Unique.
Cette
dernière décennie a été caractérisée, principalement, par le développement des
échanges commerciaux avec l'étrangers et
l’encouragement des jeunes porteurs de projets d'investissement dans le cadre
de l'INDH et d’autres politiques
ponctuelles d’aide à la création d’entreprises. Des crédits à taux d'intérêts
quasi-nuls pour les petites et moyennes entreprises, ont été octroyés ainsi qu’une
formation a été prodiguée aux cadres de ces entreprises. L’accent a été mis,
également, sur des pratiques de création d'emplois occasionnels, notamment par le biais de
l’instauration de la promotion nationale.
*Docteur en
Économie
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