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03/07/2024

ÉCONOMIE: Politique d'emploi au Maroc durant la dernière décennie – Par Fouad Mahboub*

 

La politique d'emploi est l'ensemble des actions entreprises par un Etat pour créer le maximum d'emplois pour sa population active. Il en découle que l'emploi constitue la principale forme d'insertion sociale, le facteur le plus déterminant pour l’amélioration des conditions de vie et de prévention contre les risques de pauvreté et de vulnérabilité.  En outre le secteur de l’emploi est le révélateur le plus approprié pour évaluer le niveau de cohésion sociale dans un pays. Il joue un rôle important dans la création des richesses et la répartition des revenus.Lire plus

De ce fait, la politique d'emploi est l'un des indicateurs principaux de l'état de santé de l'économie des pays car une politique d'emploi bien étudiée et réussie reflète le niveau d'harmonie qui peut exister entre les différents opérateurs nationaux d'une part et l'infrastructure adéquate pour la création d'emploi d'autre part.

Une économie en expansion crée plus de postes de travail pour sa population active, donc plus de dépenses de consommation et d’épargne, et partant plus d'investissements grâce à une forte capitalisation. Dans ce schéma, un cercle vertueux de croissance est alors établi.

Cependant, il faut faire une distinction entre les emplois créateurs de plus- value et ceux qui ne font que générer des revenus sans contrepartie réelle.  C'est, notamment, la différence qu'on peut constater par exemple entre un industriel qui fabrique un bien ou un courtier qui vent un service.

 

Généralement, dans la plupart  des pays en développement,  la création d'emplois se fait souvent dans des secteurs à faible plus-value à l'inverse de ce qui se passe dans des pays développés ou l'emploi est créateur de biens réels.  Dans ces derniers le secteur des services se développe comme corolaire et conséquence du secteur industriel, alors que dans les pays en développement, le secteur des services est une excroissance de l’économie rentière. Le lien de cause à effet est très faible, et de ce fait,  la branche des services se développe, à l’ombre de la protection étatique et  d’une manière déconnectée des réalités économiques et plus rapidement que les activités  productrices de biens réels.

Globalement, le Maroc, en tant que pays en développement  n’a pas échappé à cette règle, surtout après l'indépendance. Pendant la période allant de l'indépendance aux années 1980, l'Etat était le principal créateur d'emploi, mise à part l'agriculture qui crée des emplois pour la plus part occasionnels ou le secteur informel qui éponge une masse non négligeable du sous-emploi de la population active. Dans les deux cas de figure, l'épargne est très faible voire nulle.

Durant cette période, l'Etat marocain était le principal créateur d'emploi. Cela se justifiait par le fait que la plupart des cadres étrangers exerçant dans les administrations sous le protectorat quittaient le pays au lendemain de l'indépendance.  Il a fallu les remplacer dans presque tous les secteurs (éducation nationale, énergie et mines, poste et télécommunications, pêche maritime, santé, banques, etc.)

Cependant, cette politique de création artificielle d’emplois ne pouvait être maintenue  indéfiniment. L’Etat a créé beaucoup plus de postes d'emploi qu'il en a fallu,  rien que pour créer de l'emploi et satisfaire le marché du travail principalement dans des secteurs à faible plus-value (services, collectivités locales etc.), à tel point qu'on a identifié des milliers de fonctionnaires fantômes qui reçevaient un salaire sans exercer aucun travail ou fournir aucun service. C'est en réaction à cette situation qu’une politique dite du "départ volontaire" à été instituée durant les années 1990. Toutefois à partir des années 2000, l'emploi dans l'administration a été drastiquement réduit, excepté dans quelques secteurs de la fonction publique qui nécessitent un nombre d'emplois qui croît, corrélativement, à l'augmentation démographique  (police, gendarmerie, forces auxiliaires, militaires etc.).

Face à cette situation, devenue paradoxale, caractérisée par un désengagement de l’Etat dans le domaine de la création d'emplois par rapport à une augmentation de la population de plus en plus jeune et donc active, les autorités marocaines se sont penchées sur d’autres solutions.  Un effort a été fourni pour renforcer les investissements directs dans les infrastructures créatrices d’emplois directs et indirects et les investissements étrangers par la révision du code des investissements,  notamment par la création du Guichet Unique.

Cette dernière décennie a été caractérisée, principalement, par le développement des échanges commerciaux avec l'étrangers  et l’encouragement des jeunes porteurs de projets d'investissement dans le cadre de  l'INDH et d’autres politiques ponctuelles d’aide à la création d’entreprises. Des crédits à taux d'intérêts quasi-nuls pour les petites et moyennes entreprises, ont été octroyés ainsi qu’une formation a été prodiguée aux cadres de ces entreprises. L’accent a été mis, également, sur des pratiques de création d'emplois occasionnels, notamment par le biais de l’instauration de la promotion nationale.

*Docteur en Économie


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