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15/05/2024

ANALYSE : Nouveau code de la famille: entre espoirs et résistances- Par G. Amidot


Vingt ans après la refonte du Code de la famille, jugée progressiste mais insuffisante, les militantes des droits des femmes au Maroc placent leurs espoirs dans la nouvelle réforme pour surmonter les injustices et discriminations à l'égard des femmes. Cependant, cette réforme rencontre l'opposition des islamistes. Lire plus

 

Les associations de défense des droits des femmes marocaines ont plusieurs revendications clés pour cette réforme : l'égalité dans l'héritage, la tutelle des enfants – y compris en cas de divorce – et l'interdiction totale du mariage des mineures. La réforme du Code de la famille, annoncée pour le printemps 2024, est attendue avec beaucoup d'anticipation.

En 2004, le Maroc a adopté un Code de la famille qui accordait davantage de droits aux femmes. Ce code plaçait la famille sous la responsabilité conjointe des deux époux et imposait des restrictions à la répudiation, au mariage des mineures et à la polygamie. Cependant, malgré ces avancées, des lacunes persistent, nécessitant une nouvelle réforme.

Le projet de réforme a été initié par le roi Mohammed VI, qui a appelé en 2022 à dépasser les défaillances révélées par l'expérience du terrain. En réponse, un comité composé du ministre de la Justice et de responsables des institutions judiciaires et religieuses a été formé en septembre 2023 pour mener les consultations et préparer un projet de réforme dans un délai de six mois. Fin novembre, ce comité avait déjà reçu des propositions de plus d'un millier d'associations, ainsi que de partis politiques et d'institutions officielles.

L'instance chargée de la révision du Code de la famille a présenté plusieurs recommandations de réforme au chef du gouvernement.

 

La suppression de la distinction entre le divorce et la répudiation (talaq), en optant pour un système de divorce judiciaire unique.

Une réforme approfondie des lois sur l'héritage est recommandée. Elle propose d’accorder au détenteur du patrimoine la liberté de choisir entre le testament et l’héritage, d’exclure la résidence conjugale du domaine de la succession, et de reconnaître le droit d’usufruit au conjoint survivant. De plus, elle préconise d’étendre les droits des filles en l’absence de frères, de supprimer la discrimination religieuse comme obstacle à l’héritage, et de criminaliser la privation d’héritage fondée sur le sexe.

Les recommandations visent à instaurer un partage plus équitable des charges familiales, suggérant que les époux partagent conjointement la charge de subvenir aux besoins de la famille dès la date du contrat.

La reconnaissance de la tutelle légale commune des parents pendant le mariage ou après sa dissolution est proposée, avec des pouvoirs égaux pour la mère et le père en matière de surveillance et de gestion du tuteur légal.

La simplification des procédures de certification du mariage est également recommandée.

Face à ces recommandations progressistes, les partis islamistes manifestent une vive opposition, particulièrement concernant la question de l'héritage. Ils restent réticents à tout changement, malgré l'évolution de la société et les difficultés rencontrées par de nombreuses femmes.

Le nouveau code de la famille au Maroc représente une opportunité cruciale pour surmonter les injustices et discriminations persistantes à l'égard des femmes. Bien que les résistances soient fortes, notamment de la part des courants islamistes, les recommandations proposées par l'instance de révision reflètent une avancée vers une plus grande équité et justice sociale. Le succès de cette réforme dépendra de la capacité à naviguer entre les espoirs des militantes des droits des femmes et les résistances politiques et culturelles.

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