Suivez-nous sur▼▼

29/08/2024

BILLET : De la prédation- Par Gail Paranton


L'instinct de prédation, profondément enraciné dans l'histoire évolutive de l'humanité, se révèle être un moteur central de la destruction des civilisations humaines. Cet instinct, initialement utile à la survie de l'espèce, s'est manifesté sous diverses formes destructrices qui menacent aujourd'hui la stabilité de notre planète et de nos sociétés. Les guerres, la destruction des ressources naturelles, la surproduction et la surconsommation, ainsi que la course effrénée au capital, sont autant de manifestations de cet instinct fondamental. En analysant ces phénomènes à travers le prisme de la prédation, nous pouvons mieux comprendre les motivations sous-jacentes et les implications de ces comportements à la fois individuels et collectifs.  Lire plus

 

Historiquement, les guerres ont été motivées par le désir de conquête, de domination et de contrôle des ressources. L'instinct de prédation, qui incite les individus à se battre pour la survie et la reproduction, se traduit à l'échelle collective par des conflits armés. Les guerres permettent de s'approprier des territoires, des richesses naturelles, et d'affirmer une supériorité militaire et politique. Les conquêtes impériales, les guerres mondiales, et même les conflits modernes pour le pétrole ou d'autres ressources stratégiques, illustrent comment la quête de pouvoir et de ressources peut déclencher des conflits destructeurs. Cette dynamique de prédation se retrouve également dans la surexploitation des ressources naturelles. À la recherche de profit et de croissance économique, les sociétés humaines exploitent souvent les ressources de manière non durable, sans considération pour les conséquences à long terme. La déforestation, la surpêche, et l'extraction minière incontrôlée en sont des exemples frappants. Ces activités, motivées par une combinaison de besoins immédiats et de l'avidité, reflètent un comportement prédateur où la nature est perçue comme une proie à exploiter plutôt qu'un écosystème à préserver.

 

La course au capital, caractérisée par la compétition économique et l'accumulation de richesse, est une autre expression de l'instinct de prédation. Dans un système capitaliste, les individus et les entreprises rivalisent pour maximiser leurs profits, souvent au détriment des autres et de l'environnement. Cette quête incessante de richesse peut mener à des pratiques commerciales prédatrices, telles que l'exploitation des travailleurs, la destruction des petits commerces par de grandes multinationales, et la spéculation financière qui peut déstabiliser des économies entières. La crise financière de 2008, par exemple, est une manifestation de la manière dont l'avidité et la compétition sans limites peuvent conduire à des catastrophes économiques. Ces pratiques montrent que la prédation, bien qu'utile à la survie de l'espèce humaine à ses débuts, se manifeste aujourd'hui sous des formes qui menacent la stabilité de notre planète et de nos sociétés.

 

Cependant, la prédation n'est pas l'apanage exclusif des riches et des puissants. Une forme perverse de prédation existe également parmi les populations appauvries et insatisfaites, qui réagissent par dépit et frustration à un système perçu comme injuste. Ces individus, frustrés par leur situation et par un sentiment d'impuissance face aux inégalités, peuvent agir de manière à saboter les efforts de conservation et de gestion durable des ressources. Gaspiller l'eau, jeter des détritus ou ne pas respecter les consignes de recyclage sont des actes courants qui, bien que souvent anodins à l'échelle individuelle, ont des conséquences collectives significatives. Ces comportements peuvent être interprétés comme des formes de vengeance contre les élites perçues comme responsables de leur précarité. En refusant de se conformer aux conseils des autorités et de la société civile, ces individus expriment leur ressentiment envers un système qu'ils considèrent comme injuste et excluant. Ils voient ces actions comme un moyen de se rebeller contre une autorité qu'ils associent aux riches et aux puissants, même si cela signifie nuire à l'environnement et à la société dans son ensemble.

 

Ainsi, le résultat est un cercle vicieux où les actions prédatrices des riches exacerbent les inégalités et les frustrations des pauvres, qui à leur tour adoptent des comportements destructeurs en réaction. Cette dynamique nourrit un cycle de dégradation environnementale et de tensions sociales. Les efforts de conservation et de développement durable sont constamment sabotés par des actions individuelles et collectives qui, bien que motivées par des raisons différentes, convergent vers un même résultat de destruction. Pour rompre ce cycle, il est crucial de changer notre perspective sur la prédation et de reconnaître que la responsabilité de la dégradation environnementale est partagée. Les politiques doivent être inclusives et tenir compte des besoins et des frustrations des populations marginalisées. L'éducation et la sensibilisation sont essentielles pour encourager des comportements responsables et durables à tous les niveaux de la société.

 

Enfin, cette dynamique de prédation s'illustre également dans le domaine politique, où l'instinct de prédation semble parfois surpasser l'instinct national. Tel est le constat que l'on peut tirer en examinant la situation politique au Maroc, où la liste des parlementaires poursuivis pour corruption et dilapidation des deniers publics ne cesse de s'allonger. Au sein même des institutions censées représenter et servir la nation, des individus élus pour représenter les intérêts du peuple sont accusés de trahir cette confiance en s'adonnant à des actes répréhensibles. Un nombre significatif de représentants élus sont accusés de corruption et de malversations, remettant en cause la capacité d'un pays à garantir la stabilité et la prospérité de ses citoyens et à assurer son essor. Lorsque l'instinct de prédation l'emporte sur l'instinct national, la confiance dans les institutions s'effrite, sapant les fondements mêmes de la démocratie et du développement.

 

Comprendre l'instinct de prédation et son impact sur les comportements humains est crucial pour développer des stratégies visant à atténuer ses effets destructeurs. Des approches telles que la régulation stricte des activités économiques, la promotion de la coopération internationale, et l'éducation à la durabilité peuvent aider à canaliser cet instinct vers des comportements plus constructifs. En reconnaissant cette dynamique, nous pouvons mieux orienter nos efforts vers des modèles de développement et de coexistence qui valorisent la coopération, la durabilité, et le respect mutuel, transformant ainsi notre approche des ressources, des relations internationales et des pratiques politiques pour un avenir plus équilibré et harmonieux.

 

Aucun commentaire:

Articles les plus consultés