Suivez-nous sur▼▼

27/08/2024

ÉDITO : Maroc 2030 : Entre ambitions et défis, quel avenir pour le Royaume ? Par Abdelhak Laalioui



À l'approche de de 2030, le Maroc se retrouve à un carrefour décisif de son histoire, confronté à des défis majeurs qui interpellent ses ambitions de développement. Le Royaume, fort de ses performances économiques et sociales, aspire à consolider son statut de puissance régionale, mais ses limites structurelles remettent en question sa capacité à surmonter les obstacles qui se dressent sur sa route. Lire plus

Une croissance économique encourageante mais insuffisante

Le Maroc a enregistré des performances économiques notables au cours de la dernière décennie. Avec une croissance annuelle moyenne autour de 3% à 4%, le pays a su diversifier son économie, notamment grâce à des secteurs clés tels que l'agriculture, l'industrie automobile, l'aéronautique et les services. L'agriculture, pilier historique de l'économie marocaine, représente environ 15% du PIB et emploie près de 40% de la population active. Le Plan Maroc Vert, lancé en 2008, a permis d'améliorer la productivité agricole et d'augmenter les exportations, notamment de produits phares comme les agrumes et les tomates.

Cependant, cette croissance reste insuffisante pour répondre aux aspirations légitimes de la population marocaine, qui fait face à des inégalités persistantes et à un chômage endémique, surtout chez les jeunes. Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) dépasse les 27%, un chiffre alarmant pour un pays où plus de 60% de la population a moins de 30 ans. Le défi est d'autant plus grand que le secteur informel, qui représente près de 30% du PIB, continue de freiner la croissance économique et limite les recettes fiscales de l'État.

Des infrastructures modernes, mais des disparités régionales

Le Maroc a également investi massivement dans les infrastructures, en particulier dans les transports et l'énergie. La mise en service de la ligne à grande vitesse (LGV) reliant Tanger à Casablanca, ainsi que la construction du port Tanger Med, l'un des plus grands ports d'Afrique, sont des symboles de cette modernisation. Le développement des énergies renouvelables, avec des projets emblématiques comme le complexe solaire Noor à Ouarzazate, témoigne de la volonté du Royaume de réduire sa dépendance énergétique et de s'inscrire dans une démarche de développement durable.

Toutefois, ces avancées masquent des disparités régionales criantes. Les zones rurales, notamment dans le sud et l'est du pays, restent largement sous-développées et déconnectées des grands centres urbains. L'accès aux services de base, comme l'éducation, la santé et l'eau potable, demeure inégal, alimentant un sentiment d'injustice parmi les populations les plus défavorisées. Cette fracture territoriale risque de compromettre les efforts de cohésion sociale et d'unité nationale, essentiels pour la stabilité du pays.

Sur la scène internationale, le Maroc a su renforcer sa position en tant qu'acteur clé en Afrique, notamment à travers sa réintégration au sein de l'Union africaine en 2017 et ses nombreuses initiatives de coopération économique et sécuritaire sur le continent. Le Royaume a également consolidé ses relations avec l'Union européenne, son principal partenaire commercial, et aspire à devenir une plaque tournante pour les investissements étrangers en Afrique.

Néanmoins, cette ouverture expose le Maroc à des vulnérabilités externes. La dépendance vis-à-vis des marchés européens, qui absorbent près de 60% des exportations marocaines, rend le pays sensible aux fluctuations économiques et aux politiques protectionnistes de ses partenaires. De plus, les tensions géopolitiques dans la région du Maghreb, notamment avec l'Algérie, et les défis sécuritaires liés à la montée du terrorisme au Sahel, représentent des menaces réelles pour la stabilité et la sécurité du Royaume.

En somme, le Maroc possède des atouts indéniables pour relever les défis qui se profilent à l'horizon 2030, mais il doit impérativement surmonter ses limites structurelles pour réussir cette transition. La diversification économique, la réduction des inégalités, l'amélioration de la gouvernance et le renforcement de l'intégration régionale sont autant de chantiers prioritaires pour assurer un avenir prospère et stable au Royaume. Si le Maroc parvient à mobiliser ses ressources et à tirer parti de ses avantages comparatifs, il pourrait devenir un modèle de développement pour l'Afrique et un acteur incontournable sur la scène internationale.

 

Le chemin est encore long et semé d'embûches, mais l'espoir est permis. Le Royaume a déjà prouvé par le passé sa capacité à se réinventer et à surmonter les défis. L'ambition de co-organiser la Coupe du Monde de la FIFA en 2030 avec l'Espagne et le Portugal en est un exemple éclatant. Cet événement pourrait être un catalyseur de développement, offrant au Maroc une opportunité unique de se positionner comme un leader régional et de projeter une image de modernité et de dynamisme à l'échelle mondiale. Cependant, pour que cette ambition se réalise, le pays devra prouver qu'il est capable de relever les défis internes qui le freinent encore aujourd'hui.

Aucun commentaire:

Articles les plus consultés