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14/08/2024

ÉDITO : Rectifier la personnalité «patriotique» du citoyen algérien –Par Abdelhak Laalioui


 

L'Algérie, en tant qu'État moderne, trouve son origine dans la guerre de libération nationale (1954-1962), une lutte qui a permis l'indépendance du pays après 132 ans de colonisation française. Du XVIe siècle, en 1516  et jusqu'en 1830,  la région était sous la domination de l'Empire ottoman. Les Ottomans établissent la régence d'Alger, qui devient une province autonome gouvernée par un dey. Du XIe au XVIe siècle, plusieurs dynasties berbères originaires du Maroc se sont succédées dans la possession du territoire qui n’est pas encore appelé Algérie,  comme les Almoravides, les Almohades et les Hafsides. Chacune d'elles contribue au développement des échanges commerciaux et culturels à travers le Maghreb et au-delà.  Lire plus

L'État algérien, établi en 1962, s'est rapidement structuré autour de l'héritage de la guerre d’indépendance, faisant de celle-ci le fondement principal de sa légitimité. La mémoire de la guerre de libération est ainsi devenue un pilier central de l'identité nationale algérienne, unifiant la population autour d'une cause commune : l'anticolonialisme et l'indépendance. Avant cette période, la région qui constitue aujourd'hui l'Algérie n'avait jamais connu une unité politique comparable à celle qui a émergé après l'indépendance. 

Aussi bien le Maroc que l’État algérien, créé en 1962, ont un substrat historique commun forgé par les dynasties marocaines, qui ont régné sur des territoires englobant à la fois l'Algérie et le Maroc actuels. Ces dynasties ont laissé un héritage culturel, architectural et religieux profondément ancré dans les sociétés des deux pays.

 

Le Maroc, pour sa part, a une histoire étatique continue remontant à plus de 13 siècles, avec l'établissement de la dynastie des Idrissides au VIIIe siècle. Cette longue tradition étatique a contribué à une continuité historique qui constitue la légitimité multiséculaire de l'État marocain.

En revanche, l'État algérien, conscient de cette différence historique, a cherché à légitimer sa propre existence en construisant une légende selon laquelle l'Algérie aurait une continuité étatique similaire. Cette narration, selon certains, a été renforcée pour compenser le manque de profondeur historique d'un État moderne qui n'a été formé qu'en 1962.

L'État algérien, dans sa quête de légitimité et d'unité nationale, a souvent utilisé une idéologie nationaliste qui s'appuie sur une opposition à la France, ancien colonisateur, et parfois à ses voisins, en particulier le Maroc. Cette idéologie, alimentée par une marocophobie et une francophobie, vise à solidifier l'identité nationale en créant un ennemi extérieur.

Malheureusement, cette idéologie a parfois exacerbé des tensions entre les citoyens algériens et marocains, en promouvant une image négative de l'autre. Cette stratégie a été utilisée pour détourner l'attention des problèmes internes en Algérie, en unissant la population contre un "ennemi" commun.

Cependant, une partie importante de la société algérienne ne se laisse pas entraîner dans cette rhétorique, le Hirak en est la preuve vivante. Ces citoyens reconnaissent les racines communes partagées avec le Maroc et rejettent les tentatives de division. Ils comprennent que les Algériens et les Marocains partagent une culture, une langue, et des traditions similaires, héritées d'une histoire maghrébine commune.

 L'État algérien a construit son identité nationale en grande partie sur l'héritage de la guerre de libération et sur une idéologie nationaliste qui cherche à légitimer son existence en s'opposant à des "ennemis" extérieurs. Pourtant, les citoyens algériens doivent être conscients des racines historiques qu'ils partagent avec leurs voisins marocains. En reconnaissant ces liens communs, ils peuvent dépasser les divisions artificiellement créées et œuvrer pour un avenir de coopération et de compréhension mutuelle au sein du Maghreb.

Cette perspective peut contribuer à rectifier la personnalité nationaliste algérienne en la connectant à une histoire partagée et en rejetant les tentatives de division basées sur des idéologies étroites.

 

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