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20/08/2024

ÉCONOMIE: Maroc, résorption des inégalités; condition sine qua non du développement global -Par J. Hafati

 

Au Maroc, les inégalités, sous toutes leurs formes - qu'elles soient de revenus, sectorielles, territoriales, régionales, urbanistiques, etc. - constituent le socle de l'atonie de la croissance. Cela, malgré les politiques volontaristes de l'État et les dynamiques initiées par les programmes sectoriels et les multiples engagements publics de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH). Lire plus

Au Maroc, les inégalités constituent un fait total, imprégnant l'économie, le tissu social et l'aspect humain du pays. Trop souvent, on tend à appréhender ce phénomène uniquement d'un point de vue monétaire, se limitant à la distribution des revenus. Une approche indéniablement réductrice, car la catégorie de "revenu moyen" ne peut en aucun cas encapsuler la diversité des situations, des positions, voire des dispositions que le concept d'inégalité recouvre au sein du pays.

Les Investissements Directs Étrangers (IDE) au Maroc ont contribué à accentuer les disparités entre les régions, concentrant leur flux dans les territoires économiquement les plus dynamiques de l'axe atlantique, tels que Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr. Les régions intérieures, en revanche, restent en marge de ces investissements. Pourtant, l'attractivité de ces espaces pourrait s'expliquer par divers facteurs, notamment la qualité de leur aménagement territorial. Le défaut d'un aménagement efficace freine les flux d'IDE, qui recherchent des marchés à faible coût de transaction. Ainsi, les régions mentionnées se distinguent par leur infrastructure bien développée, leur offre foncière, la disponibilité d'emploi, et les zones offshores.

Face aux enjeux de la mondialisation, du progrès technologique et de la quête d'efficacité des entités de production, la délocalisation transfrontalière est devenue un impératif de compétitivité pour les firmes multinationales. Cependant, cela soulève la question cruciale de la nécessité d'un aménagement sain des territoires d'accueil.

La Commission Spéciale sur le Nouveau Modèle de Développement, de caractère consultatif, a souligné que la faible convergence, tant verticale qu'horizontale, et la gouvernance des politiques publiques, notamment sectorielles, entravent le développement du royaume. Cela justifie la révision nécessaire de ces politiques publiques sectorielles, en mettant particulièrement l'accent sur une vision régionale. La région doit être le point d'ancrage de ces politiques, exigeant une gouvernance régionale efficace pour assurer la convergence et accélérer le rythme de développement.

La politique d'aménagement du territoire au Maroc, en tant qu'action volontariste de l'État, vise à une répartition plus équitable des activités et des populations sur le territoire. Dans le contexte d'une émergence rapide, le Maroc n'échappe pas aux évolutions observées à l'échelle mondiale en matière d'accroissement des inégalités sociales. Les initiatives et programmes du pays ont conduit à une réduction significative de la pauvreté et à une forte atténuation de la précarité, particulièrement en milieu urbain. Actuellement, près de 139 programmes couvrent divers domaines tels que l'éducation, la santé, la lutte contre la pauvreté et l'emploi…

Cependant, ces avancées demeurent conjoncturelles et incomplètes tant qu’une résorption globale, ou du moins, d’abord significative, des inégalités sur l’ensemble du territoire national n’est pas atteinte.

 

Source: Revue Repères et Perspectives Économiques, Vol. 4, N°1, Semestre 1, 2020 68 Grand Casablanca, Tanger-Tetouan, Souss Massa Drâa


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