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15/09/2024

CHRONIQUE: Élargir le Conseil de Sécurité à l'Afrique- Par G Paranton

Le siècle dernier a été marqué par une bipolarité Est-Ouest, où de nombreux États du Sud étaient alignés soit avec l'un, soit avec l'autre de ces deux blocs. Les non-alignés, bien que revendiquant une autonomie politique, restaient en réalité influencés par ces puissances dominantes. Cependant, l'effondrement de l'Union soviétique et l'émergence d'une mondialisation multipolaire ont considérablement modifié la dynamique internationale. Les relations interétatiques, autrefois dictées par ces affiliations, sont désormais beaucoup plus complexes et dictées par des intérêts diversifiés. Lire plus

Aujourd'hui, la question de la réforme du Conseil de sécurité de l'ONU est au cœur des débats géopolitiques, reflétant une société internationale en pleine mutation. L’annonce récente des États-Unis, soutenant l’ajout de deux sièges permanents pour des pays africains au Conseil de sécurité, marque un tournant majeur dans les revendications de longue date du continent africain. Cependant, ces sièges seraient sans droit de veto, ce qui soulève des questions sur la véritable portée de cette réforme. Cette proposition, défendue par l'ambassadrice américaine à l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, lors d'une conférence au Council on Foreign Relations, illustre une volonté des puissances occidentales de s'adapter à la nouvelle réalité internationale, mais sans toucher à l’essence du pouvoir détenu par les membres permanents.

Le Conseil de sécurité, composé de cinq membres permanents avec un droit de veto (États-Unis, Russie, Chine, France et Royaume-Uni), est paralysé par des divisions internes, notamment exacerbées par la position rigide de la Russie, qui bloque toute action en lien avec l'invasion de l'Ukraine. Cette situation met en lumière les dysfonctionnements de cet organe clé, dont la composition et les privilèges remontent à une époque révolue. Les tensions actuelles renforcent l'urgence d'une réforme en profondeur, alors que le monde fait face à de nouvelles menaces sécuritaires et à une recomposition des alliances géopolitiques.

Lors de la 78ème session de l’Assemblée générale des Nations Unies, tenue en septembre 2023, les débats ont largement porté sur cette question, soulignant l’inefficacité croissante du Conseil de sécurité à répondre aux crises majeures contemporaines. Depuis le début de la guerre en Ukraine, l’Assemblée générale est devenue le seul forum capable d'agir, bien que ses résolutions n’aient pas de caractère contraignant.

La réforme du Conseil de sécurité semble de plus en plus incontournable, mais reste un sujet épineux. Tandis que certains États plaident pour l'ajout de nouveaux membres permanents, d'autres estiment que cela ne ferait qu'aggraver les problèmes de gouvernance. Une solution alternative, qui gagne en popularité, serait d'introduire des mandats prolongés et renouvelables pour les États les plus influents des différents blocs géographiques. Ce mécanisme offrirait une meilleure représentativité sans remettre en question l’équilibre actuel du pouvoir, tout en renforçant l’implication de ces États dans la gestion des affaires internationales.

Cependant, cette proposition, comme d'autres réformes potentielles, est confrontée aux réalités fluctuantes de la géopolitique. Les intérêts des différentes puissances sont souvent contradictoires et changent au gré des alliances et des rivalités. La véritable question demeure : comment revitaliser un multilatéralisme en crise dans un monde instable ? La réforme du Conseil de sécurité est un pas nécessaire, mais le nouvel ordre mondial reste encore à définir. Pour qu'il soit viable, un mécanisme de paix plus inclusif et durable devra être mis en place. C'est à ce prix que l'avenir du multilatéralisme et de la gouvernance mondiale sera assuré.


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