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01/09/2024

ÉCONOMIE: Radioscopie de l’économie marocaine; atouts et freins- Par J. Hafati



L'économie marocaine, riche et diversifiée, présente des atouts majeurs qui propulsent son développement tout en étant confrontée à des défis structurels qui freinent son plein essor. Pour mieux comprendre cette dynamique, il est essentiel de considérer les divers secteurs économiques clés ainsi que les obstacles socio-économiques qui influencent la trajectoire du Maroc vers le statut d'une économie émergente. Lire plus

Le tourisme est l'un des piliers économiques du Maroc, représentant environ 7% du PIB et générant des millions d'emplois directs et indirects. Grâce à son riche patrimoine culturel, ses paysages variés, et son climat favorable, le pays attire des millions de visiteurs chaque année. Le Maroc continue de développer son infrastructure touristique, avec des investissements dans des projets ambitieux tels que le Plan Azur et la stratégie "Vision 2020", visant à diversifier l'offre touristique et à attirer 20 millions de touristes annuels. Cependant, ce secteur reste vulnérable aux chocs externes, comme les crises sanitaires et économiques mondiales.

Le Maroc est un leader régional dans les énergies renouvelables, particulièrement dans l'énergie solaire et éolienne. Le complexe solaire Noor à Ouarzazate est l'un des plus grands au monde, et le pays vise à produire 52% de son électricité à partir de sources renouvelables d'ici 2030. Ces efforts s'inscrivent dans une stratégie globale pour réduire la dépendance énergétique et lutter contre les effets du changement climatique. Les investissements continus dans ce secteur positionnent le Maroc comme un modèle en Afrique pour la transition énergétique.

 

Les industries automobile et aéronautique sont des moteurs de croissance industrielle au Maroc. Le secteur automobile, notamment grâce à des géants comme Renault et PSA Peugeot Citroën, est devenu le premier secteur exportateur du pays, surpassant même les phosphates. Avec des infrastructures modernes comme l'usine Renault à Tanger et les zones franches industrielles, le Maroc vise à atteindre une production de 1 million de véhicules par an d'ici 2030. De même, l'industrie aéronautique connaît une croissance rapide, avec plus de 140 entreprises opérant dans le pays, attirant des investissements de grands noms tels que Boeing et Airbus. Cette diversification industrielle a généré des milliers d'emplois et renforcé les exportations marocaines.

En réponse à la demande croissante de mobilité durable, le Maroc explore activement le développement de l'industrie des batteries électriques, capitalisant sur ses ressources naturelles et son potentiel énergétique renouvelable. Ce secteur émergent pourrait devenir un vecteur clé de croissance économique et de création d'emplois, aligné avec les ambitions du Maroc de devenir un hub technologique en Afrique du Nord.

Cependant,  l'économie informelle représente un défi majeur, constituant environ 30% du PIB. Ce secteur, bien qu'il fournisse des emplois à une large part de la population, échappe à la fiscalité et aux régulations, ce qui limite la capacité de l'État à mobiliser des ressources fiscales et à offrir des services sociaux adéquats. La formalisation de cette économie reste un défi crucial pour élargir la base fiscale et améliorer les conditions de travail.

Le chômage, particulièrement élevé chez les jeunes (plus de 30%) et les diplômés, est un frein significatif au développement socio-économique. La fuite des cerveaux, exacerbée par le manque d'opportunités et de perspectives d'emploi adéquates au Maroc, prive le pays de talents essentiels à son développement. L'émigration des compétences hautement qualifiées vers l'Europe et d'autres régions du monde représente une perte importante pour l’économie nationale.

Le système de santé au Maroc fait face à des défis majeurs, notamment un accès inégal aux soins de santé, une infrastructure insuffisante, et un personnel médical sous-doté. Le pays affiche un ratio de 1,51 médecin pour 1 000 habitants, en dessous des normes recommandées par l'OMS. Dans l'éducation, malgré les progrès réalisés, le système souffre encore de taux élevés d'abandon scolaire, d'une qualité d'enseignement inégale et d'une inadéquation entre la formation et les besoins du marché du travail. La réforme du secteur éducatif est cruciale pour doter les jeunes Marocains des compétences nécessaires pour s'intégrer efficacement dans le marché du travail.

Le secteur agricole, malgré son importance, reste extrêmement vulnérable aux aléas climatiques. La gestion de l’eau, en particulier, est un enjeu critique, avec des ressources en eau en diminution en raison des sécheresses répétées. Les stratégies d’adaptation climatique et de gestion durable des ressources hydriques sont impératives pour assurer la résilience du secteur agricole et par extension de l’économie marocaine.

Le Maroc possède des atouts considérables qui le positionnent comme une économie en voie d'émergence en Afrique et au-delà, grâce à la diversification de ses secteurs clés tels que le tourisme, les énergies renouvelables, et les industries automobile et aéronautique. Cependant, pour réaliser pleinement son potentiel, le pays doit surmonter les défis de l'informalité, du chômage, de la fuite des cerveaux, ainsi que les faiblesses de ses systèmes de santé et d'éducation. En s'attaquant à ces obstacles avec des réformes structurelles et une gouvernance efficace, le Maroc peut renforcer sa compétitivité, stimuler une croissance inclusive et durable, et améliorer la qualité de vie de sa population.

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